Le crabe signifiant

Par : le 05/02/2012

En Afrique de l’Ouest, l’esclavage domestique a été pratiqué de différentes façons par différents peuples à différentes périodes de l’histoire, mais on sait que nombreux étaient les esclaves domestiques qui se mariaient dans la famille de leurs « maîtres » et héritaient de leurs biens. Il était tout à fait impoli (et même illégal dans certains lieux) de mentionner qu’une personne était un esclave ou était né de parents esclaves. Au cours du temps, certains esclaves devinrent relativement riches, et, de fait, leurs enfants n’étaient pas différents de ceux dont les parents n’étaient pas des esclaves. Aujourd’hui, dans certaines régions du Ghana du sud est, du sud du Togo et du sud-ouest du Bénin, de nombreux Ewes disent que l’un ou plusieurs de leurs arrières grands-parents était « une personne achetée ». Ces ancêtres auraient été achetés ou capturés parmi des peuples vivant au nord du pays Ewe ; leurs maîtres ewes auraient professé une admiration pour le « peuple du nord », sa musique, ses vêtements, et ses dieux. Malgré cela, ou peut-être précisément à cause de cette admiration, et même lorsqu’ils étaient bien traités, les esclaves de la première génération n’étaient pas considérés comme des Ewes. Cette profonde différence dans l’identité aurait partie liée avec le langage.

L’histoire du crabe signifiant, (je fais ici une référence signifiante au Singe Signifiant de Louis Gates (1988)), révèle précisément l’extrême ambiguïté des relations légendaires entre les Ewes et leurs « personnes achetées » (esclaves). L’histoire vient du pays Anlo, dans la partie ghanéenne du pays Ewe. On en trouve une version dans Blema Konuwo, Lododowo kple Adaganawo, de R.K. Nutsuako (1977), un livre en ewe, de et à propos de proverbes et expressions ewes.

Dans cette longue histoire, les catégories du sauvage et de l’apprivoisé (« civilisé ») ont infiltré les catégories des « personnes achetées » et des « personnes de la maison ». Dans le livre, cette histoire trouve sa place en tant qu’explication de l’origine du proverbe : « L’esclave comprend lalangue, mais il/elle ne comprend pas ‘le crabe sauvage‘», ou, traduit de façon légèrement différente, « l’esclave comprend la langue, mais il/elle ne comprend pas les expressions signifiantes ». Au lieu « d’expressions signifiantes », nous pourrions dire « ewe profond », « ewe local », « dialectal » ou « vernaculaire ». En le transposant à la culture américaine, nous pourrions traduire, entre autres, par « langage de la rue ». Bien entendu, ces définitions ou ces traductions ne veulent pas toutes dire la même chose, mais l’expression « crabe sauvage » fait référence à des façons de parler qui ne peuvent pas être directement comprises par des étrangers au pays, à la région, ou au groupe, même s’ils ont appris la langue ewe.

En ewe le proverbe dit : « Adoko se Evegbe ; mesea ‘adagana’ o. » Adoko est un euphémisme ou un substitut poli pour le mot amefefle, personne achetée. Se signifie « entendre » ou « comprendre ». Gbe signifie « mot », « voix » ou « langage ». Adagana en est venu à signifier  «cochon (Latin) Ewe » ; il s’agit là d’inventions langagières ou d’expressions qui peuvent être utilisées pour souder un groupe et le séparer de ceux de l’extérieur, incapables de comprendre ce qui s’y dit, même s’ils comprennent le ewe « régulier ». Mais, adagana est une variation deadangalan, ou « crabe sauvage » (da signifie « sauvage » ; agalan signifie « crabe »).

Selon Nutsuako (1977 :103), l’expression vient d’une histoire ewe vieille de plusieurs générations (avant que l’esclavage domestique soit aboli), à propos d’un homme qui reçut la visite d’étrangers (amedzrowo). Il demanda à sa femme d’aller derrière la hutte, de pêcher cinq crabes dans son vivier et de les faire cuire pour les visiteurs. Elle attrapa quatre crabes, mais le cinquième, trop malin, (ou « mauvais », mais plutôt « malin » en anglais ghanéen) s’enfuit. Contrairement à celles des crabes apprivoisés, ses pinces étaient très longues et acérées. C’était un crabe sauvage (adangalan). Quand elle raconta cela à son mari, en présence de leur esclave, celui-ci dit qu’il ne connaissait pas la différence entre les crabes sauvages et les autres et qu’il souhaitait aller voir. Apercevant le crabe sauvage qui détalait, il s’exclama : « Ils n’ont pas du tout l’air différent ! ». La femme s’exclama à son tour : « L’esclave comprend la langue, mais il ne comprend pas ‘adangalan’. »

Quelle est la nature exacte de l’objet du verbe comprendre dans ce contexte ? Fait-il référence à l’expressioncrabe sauvage ? Désigne-t-il le crabe sauvage lui-même, l’animal réel ? Peut-être l’esclave-étranger était-il incapable de comprendre la prononciation des mots « crabe sauvage » ? La femme se référait-elle plutôt au signifiant ou au signifié ? Le mot « adangalan » était-il entre guillemets dans cet exemple spécifique, et si oui, que signifiaient ces guillemets ?

Peut-être la femme parlait-elle simplement de l’incapacité de l’esclave à faire littéralement la différence entre crabes sauvages et crabes domestiques, ou peut-être entre crabes réels et crabes signifiants (de différentes sortes), ou bien encore de son ignorance du sens du motadangalan. À moins qu’elle ne voulût signifier, à un autre niveau, la nature de crabe sauvage de l’esclave ? (Dans la culture ewe, on peut associer, parfois de façon admirative, état sauvage et nature de l’esclave). Ou bien encore, elle aurait pu vouloir impliquer que l’esclave ne savait pas (ou ne savait pas comment) faire la différence entre état sauvage et non sauvage (domestication, nature « civilisée », normalité etc.), ou entre personnes libres (« gens de la maison ») et esclaves (« personnes achetées » – amefefle, adoko). Le fait que le crabe sauvage se soit enfui, malgré l’association état sauvage, esclave, tandis que l’association domestication, groupe des maîtres conduisait les crabes les plus civilisés dans l’eau bouillante pourrait bien ne pas être un simple détail.  (Ici, Levi-Strauss (1969) nous rappelle l’équation entre « cuit » et « civilisé » dans de nombreuses cultures, et le fait que le bouilli représente le summum en termes de cuisson.)

Lorsqu’on voyage parmi (entre, à travers) les frontières de l’univers ewe, vaut-il « mieux » distinguer ou pas (éthiquement, ethniquement, politiquement, linguistiquement, poétiquement, spirituellement, esthétiquement, militairement, etc), entre état sauvage et non sauvage, esclaves et non esclaves [2] , entre nouveaux venus et ceux à qui appartient la terre, entre groupes étrangers et indigènes, personnes achetées et personnes qui en achètent d’autres, entre cuit et cru, entre crabes qui s’enfuient et crabes qui se font manger ? [3]

Ces différentiations sont lourdes de sens. L’esclave disait que les ressemblances étaient plus fondamentales que les différences ; cette position implique un continuum dans la conception de la nature humaine et des différences culturelles. La femme signifiait que l’esclave était un étranger (et donc que les visiteurs avaient un statut latent d’esclaves, ou proche de la catégorie esclave, du fait de leur qualité d’étrangers) et que sa condition d’esclave avait à voir avec son absence de maîtrise des nuances les plus subtiles de la langue ewe et des crabes ewes.  Dans son discours, les différences, où se retrouvaient un certain nombre d’oppositions binaires, étaient plus significatives que les similarités. Elle pouvait se permettre cette position politique et domestique.  (En d’autres circonstances, dans un contexte ewe, il aurait pu être plus avantageux pour un esprit esclave d’insister sur les différences plutôt que sur les similarités ; ainsi par exemple lors du culte des esprits esclaves aujourd’hui, où l’on fait l’expérience saisissante de l’absolue altérité entre eux et les Ewes dans le discours et la transe. Le refus de l’esclave de voir une différence, là où cette différence était prétendument palpable pour ses maîtres, était une façon de signifier leur tendance à exagérer les nuances, la tendance même qui se manifeste dans des pratiques qui consistent à assigner une place aux gens, voire, purement et simplement à les opprimer.

L’Ewe Anlo insiste sur l’énorme variété de crabes vivant dans le pays. Il y en a tellement que quelqu’un qui ne serait pas expert en crabes, ou un non-Ewe, pourrait se perdre dans la profusion des différences et imaginer que tous (crabes et gens) sont semblables d’une certaine façon. En effet, quelqu’un qui n’a étudié ni les crabes, ni les Ewes et leurs voisins, pourrait se prononcer en faveur de leurs ressemblances plutôt que de leurs différences. Il pourrait ne pas remarquer la différence entre crabes sauvages et domestiques, ou entre Ewes et étrangers qui parlent ewe.

D’un autre côté, les Ewes honorent les esprits des esclaves disparus qui appartenaient à leurs ancêtres. Certains étrangers « sauvages », non-Ewes, capturés et décédés, sont ainsi divinisés, recréés en tant que vodus (dieux). Aussi, la femme ayant laissé échapper le crabe à cause de ses longues et méchantes pinces, pour signifier ensuite que l’esclave était, par nature, étranger et captif, aurait dû, de fait, manifester une pointe d’admiration (et de désir ?) pour l’être sauvage et étranger, au moment même où elle se démarquait elle-même de ces caractéristiques non ewes et soulignait le manque de finesse de l’esclave, en termes de nature ewe.

Les longues et fortes pinces sont également des signifiants du fait que certains esclaves devinrent des ancêtres – le plus souvent des femmes, mais des hommes aussi à l’occasion. Attention au crabe sauvage qui pourrait engendrer des crabes à demi sauvages dans le monde domestique. Certains Ewes, au Togo, conservent des noms (par exemple Donko et Klu) qui témoignent du fait qu’ils sont issus de parents esclaves (ou qui ont été consacrés aux vodus comme esclaves). Les Ewes portent les noms qu’ils souhaitent garder et il est relativement facile de changer officiellement de nom de famille au Togo. Il n’y a donc aucune raison de conserver ces noms, à moins qu’on ne souhaite maintenir le souvenir constant de la relation historique d’un individu ou d’une famille avec l’esclavage domestique (ou, dans l’autre cas, avec le culte vodu).[4]

Les pôles admiration – mépris qui caractérisaient les relations des Ewes avec leurs esclaves hier et aujourd’hui (sous la forme du culte des esprits esclaves), et avec les étrangers en général actuellement, sont perceptibles dans des proverbes tels que : « L’esclave comprend la langue ; il/elle ne comprend pas adagana ». Le nom même de certaines expressions signifiantes, distinctes des proverbes, (lododowo) est adagana. Je voudrais argumenter le fait que le proverbe cité ci-dessus est lui-même un adagana, dans la mesure où c’est ce que pourrait dire un Ewe à un autre Ewe, pour s’exprimer de façon signifiante sur le fait d’être étranger, en présence d’un étranger, de façon à rendre celui-ci perplexe. Dans ce cas, le crabe sauvage a donné son nom à une expression signifiante générique. C’est un exemple d’entrées dans la catégorie même qu’elle désigne.

Un autre Adagan qui est étrangement similaire (mais néanmoins différent) au légendaire original dit : (et ceci est une variante en Guin togolais) « Yovo se gbe ; yovo mese ‘agban gban’ o ». Cela signifie, « La personne blanche comprend la langue ; il/elle ne comprend pas ‘le craquement du bol’. ». « La personne blanche » ne saisit pas le sens du craquement sonore du crabe sauvage adangalan ; elle n’entend que le bruit  trompeusement similaire, « agban gban », d’un bol qui se casse. (Agban est également le mot pour « fardeau » ou « fardeau de tête » que les blancs sont notoirement incapables de porter (et refusent donc de porter), au contraire des esclaves, dans le passé). De fait, très peu de blancs ont réussi à acquérir la maîtrise du crabe signifiant en langue ewe, langue dont n’importe quel villageois ignorant manie avec une évidente et brillante virtuosité les traîtresses subtilités (ce qui est vrai de n’importe quel locuteur natif dans toutes les langues). De la même façon, d’autres étrangers, – par exemple les esclaves du nord – ne parviennent jamais qu’à une maîtrise approximative – si nous en croyons l’adagana. (L’auteur témoigne ici qu’elle se trouve elle-même en bonne compagnie).

Cette histoire montre que les différences entre les langues sont des points de référence majeurs dans la vie de tous les jours. Dans une région où il y existe une langue différente ou significativement différente tous les trente ou soixante kilomètres, et où nombreux sont les individus qui parlent trois ou quatre langues, la nature mystérieuse de la différence linguistique et culturelle est à la fois domestiquée à travers une enfance encombrée de différentes langues et resacralisée à travers le rituel. Ainsi, durant les cérémonies Gorovodu, les esprits hôtes ou « épouses » (tronsiwo) glossolalisent en twi et hausa. Ces sons incroyables et étranges proviennent du fait  que l’esprit de l’esclave du nord est entré dans l’esprit personnel de l’hôte ewe (dans son propre « trou » ou « estomac » en ewe). Et durant les cérémonies de Mama Tchamba, on peut entendre la glossolalie de Kabye, (cela fut le cas, même pendant la période de 1985 à 1994, où Kabyes et Ewes étaient supposés avoir rallumé le feu de la haine ethnique éternelle selon la presse gouvernementale). [5] Durant les célébrations de Mama Tchamba, on peut entendre les assistants murmurer entre eux : « Regarde, maintenant elle est un esprit esclave kabye – Ecoute comme elle parle kabye – Vois comme elle est belle ! ». Les adeptes en transe sont amenés dans une hutte Vodu pour être revêtus de superbes costumes typiques des gens du nord, puis ils reviennent parmi la foule des fidèles, pour danser dans un état de grâce absolu, pour prophétiser et signifier brillamment ou grossièrement (ou les deux en même temps) dans un mélange d’ewe, de gui, twi, et autres langues du nord.

Cette admiration pour l’exotique et impensable différence des Autres est ramenée à soi-même et à son propre peuple durant des moments qui échappent au rituel. « Nous, les Ewes, nous parlons un mystérieux, difficile et beau langage (gbe) ; Il ne peut le maîtriser,  celui qui n’y est pas né». Et de ces Ewes, habités par les divinités kabyes durant la transe,  on ne dit pas qu’ils maîtrisent la langue kabye, mais plutôt qu’ils sont maîtrisés et traversés par elle, alors qu’elle les parcourt périodiquement et de façon momentanée. Leur transe extatique jaillit d’une pratique ludique du langage, d’un déliement des langues, d’une avalanche de mots et de syllabes kabye (twi, hausa, nago, tchamba, mossi, etc.), dégringolant de leurs bouches (de leur estomac), plaisir de jouer sans vergogne avec les organes de la parole des Autres les plus fondamentaux. Ou plutôt, ces acteurs privilégiés pourraient dire, s’ils devaient théoriser ces pratiques, que ce sont précisément leurs propres organes de la parole qui sont le jouet de la langue des divinités-esclaves, et qu’ils s’abandonnent eux-mêmes à cette refente sacrificielle de leur propre langue/corps/trou, à travers ces mots venus du nord, ces voix de l’esclave étranger inconsolable, cet autre si exquisément non soi-même.
 

Judy Rosenthal (anthropologue, professeur à l’Université de Flint)

Remerciements : 
J’ai obtenu le matériel adagana, alors que j’effectuais un travail de recherche financé par une bourse Fulbright-Hays et une Charlotte W. Newcome. Je voudrais remercier ces deux agences ainsi que Edem of Kodjoviakope, qui m’a introduite aux pratiques adagana et Barbara Baeten, qui m’a aidée à franchir la frontière.

Notes

[1] Le nom complet de l’auteur est Osofo R. K. Nutsuako.  Le titre « Osofo » est employé à la fois en asante et en ewe pour indiquer qu’une personne est un prêtre chrétien, un prêtre gorovodu ou tout autre spécialiste religieux.

[2] L’accent mis sur le terme de la dominance souligne la relativité de la dominance, et c’est bien ainsi que cela doit-être, au regard des concepts concernant les modes de relations chez les Ewes.

[3] Cf. la fameuse étude de Sir Edmund Leach (1964) sur les catégories animales, dans laquelle les structures de la terminologie concernant la nourriture et les relations familiales indiquent qu’en termes de catégories, on ne peut se marier avec ce qu’on ne peut manger.

[4] Mamattah, qui mêle de façon inimitable l’histoire orale des Ewes avec le mythe des Adventistes du Septième jour, écrit l’introduction suivante au chapitre « Les clans de Anlo » : Les douze clans de l’origine, établis par le vétéran duto venya quand les Anlos arrivèrent en pays d’Anlo et configurés de façon à correspondre aux douze tribus d’Israël, sont ici énumérés. Avec l’octroi de privilèges attachés à la naturalisation d’étrangers et d’esclaves affranchis, les clans en Anlo ont atteint le nombre de quinze ». (1976 :159). Ainsi, des esclaves, aussi bien que d’autres groupes culturels et linguistiques totalement différents tels que le peuple Adan, reçurent des identités claniques au cœur des frontières mouvantes du pays, de la culture et des relations familiales ewes.

[5] Telle est la situation actuelle au Togo, où le dictateur du nord, depuis longtemps au pouvoir, prétend que l’opposition démocratique qui essaye de le renverser, est en fait une conspiration « tribale » du sud. En 1990-1994 eurent lieu des crises violentes, avec notamment des affrontements entre une armée essentiellement composée de gens du nord et des civils du sud, affrontements que ceux-ci ont payé au prix fort de leur vie. Tandis que la presse officielle dénonce « le conflit et la haine tribales », de nombreux villages dans le sud continuent à célébrer Gorovodu et les cérémonies de Mama Tchamba, cultes des esprits du nord qui appartiennent précisément aux groupes ethniques du président-dictateur et de ses soldats. Certaines de ces communautés vodus ont été la cible particulière d’interventions militaires meurtrières, car elles sont des lieux bien connus de désir démocratique et d’opposition à la dictature et à ses pratiques de népotisme hégémonique ou « d’état tribal ». Ces fidèles savent merveilleusement et précisément faire la différence entre différenciation ethnique/linguistique sacrée et soi-disant opposition tribale.

Références citées

Gates, Henry Louis, Jr.

1988 The Signifiying Monkey ; a Theory of Afro-American Literary Criticism.New York :OxfordUniversityPress.

Leach, Edmund R.

1964 Anthropological Aspects of Language : Animal categories and Verbal Abuse. In New Directions in the Study of Language. Eric H Lenneberg, ed. Pp. 23-63,Cambridge,MA : MIT Press.

Lévi-Strauss, Claude

1969, The Raw and the Cooked.Chicago :UniversityofChicagoPress.

Mamattah, Charles M. K.

1976 The Eves ofWest Africa ; The Anlo-Eves and Their Immediate Neighbours. Oral Traditions, Vol. 1. Keta, Ghana : Research Publications.

Nutsuako, R. K.

1977 Blema Konuwo, Lododowo kple Adaganawo. Accra : Ghana Publishing Corporation.

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